Édito #2

« Anesthésie(s) de(s) Masse(s) »

Dans notre société, l’homme est submergé par un nombre considérable de visuels (télévision, publicités, etc.) destinés à le priver d’affect. Il est anesthésié pour intégrer une « masse consommatrice ». Cette masse, dont la douleur est éradiquée, s’endort pour pouvoir mieux subir… Parallèlement, l’art prend ses distances, il n’est pas décisif, car sa posture et sa fragilité demeurent dans un mercantilisme dépendant du capitalisme. L’artiste, quant à lui, a tendance à prendre en défaut l’aseptisation des sensations et l’inaccessibilité des concepts.

L’artiste est celui qui s’engage, prend des positions, tranche par chacun de ses gestes. Il ne fait pas du « documentaire », il conceptualise par sa pratique, et c’est au travers de sa sensibilité et par son regard critique sur « des moments âcres » que se manifeste toute la nécessité de l’art. C’est bien parce qu’il se pose une image à côté d’une autre que se distillent le poison et le contre-poison.

Christophe Lopez